Avez-vous remarqué que l’hiver, les arbres révèlent leur grandeur d’une toute autre façon ?
Dépouillées pour la plupart de leur feuillage, les structures ramifiées déploient toute leur magnificence.
Les fleurs et autres végétaux qui d’habitude captent toute notre attention, laissent la part belle à ces « seigneurs ».
Les arbres sont les plus grands êtres vivants de notre planète. Des êtres vivants sensibles et doués d’intelligence (point que l’on développera dans un prochain article 😉 ).
Les plus grands du monde sont les Redwood. Ils mesurent près de 120 m de haut, soit la hauteur du 2e étage de la Tour Eiffel.
Ces Séquoia sempervirens sont situés dans le parc national de Redwood en Californie.
En comparaison, l’animal le plus grand que la terre héberge, est la baleine bleue : jusqu’à 30 mètres.
Par conséquence, nous vous conseillons de bien envisager les bénéfices et les inconvénients d’intégrer de tels sujets dans votre jardin.
Les bénéfices des grands arbres
Bien entendu, les grands arbres ont de nombreux bénéfices indispensables pour la planète et notre (sur)vie sur sa surface :
- Les forêts sont les poumons de notre planète. Elles absorbent le CO2 et produisent de l’oxygène.
Les arbres ont cette capacité de dépolluer l’air. - Ils agissent également comme des tampons climatiques contre les températures extrêmes hautes ou basses.
- Ce sont de formidables brise-vent sur une longueur de 10 fois leur hauteur et d’excellentes barrières acoustiques naturelles.
- Les racines d’un arbre améliorent la pénétration de l’eau dans le sol et protègent ainsi le sol du ravinement.
- En paysagisme ce sont des éléments architecturaux indispensables pour structurer un jardin.
- Les arbres sont le principal marqueur des saisons : débourrage, floraison, fructification et coloration automnal de leur feuillage.
- Sources de la plupart des fruits comestibles et constituants de la phytothérapie et l’industrie pharmaceutique, les arbres constituent une ressource vitale pour les êtres humains.
- Les arbres participent au bien-être des gens, en apportant des bienfaits indéniables sur notre santé mentale et notre bonne humeur.
- La symbolique de l’arbre comme image de la vie et de la renaissance est aussi répandue qu’ancienne. Exemple : le sapin de Noël (article).
Certains inscrivent sur leur liste des « choses à faire dans leur vie avant de mourir » :
– planter un arbre
Un arbre ne se plante pas à la légère
En effet, planter un arbre est une chose formidable à réaliser au moins une fois dans sa vie. Passer de nombreuses années à ses côtés, le voir grandir et le léguer aux générations futures peut donner un sentiment indescriptible. Mais attention, un arbre ne se plante pas à la légère. Si vous êtes l’heureux propriétaire d’un parc ou d’un grand jardin, la contrainte sera moindre. Cependant il faudra quand même respecter quelques principes et règles d’usage.
Avant toute chose, observez ou renseignez-vous sur la taille adulte d’un arbre que vous souhaitez planter. Anticiper la hauteur, mais aussi la circonférence qu’il pourra atteindre à maturité. Cela paraît évident, mais c’est une erreur très répandue. Dans bien des cas, les propriétaires de jardin n’ont pas prévu suffisamment d’espace ou n’ont tout simplement pas conscience des conséquences et des inconvénients de planter un arbre de grande envergure.
Les inconvénients de planter un arbre à fort développement
1 – Les racines peuvent provoquer des dégâts :
- Boucher les canalisations d’eau.
Si les racines de votre arbre sont trop proches de votre réseau d’eau, elles peuvent avec le temps boucher votre réseau voir même l’endommager. Renseignez-vous sur l’étendue du système racinaire de l’arbre à planter et maintenez une distance adéquate. Protégez les jonctions et raccords de votre réseau.
- Endommager les fondations de votre maison ou tout autre élément maçonné.
Les racines de certains arbres (et aussi des bambous) sont capables avec le temps de trouver une petite faille dans la maçonnerie de votre maison, piscine ou puit, pour finir par l’endommager avec le temps. C’est d’autant plus vrai pour les vieux puits en pierre maçonnée. Ne planter pas de grands arbres à côté de ces ouvrages.
2 – Les chutes sont également à considérer :
- De grosses branches peuvent blesser des personnes ou créer des dégâts matériels importants.
- Les feuilles peuvent boucher les gouttières, salir les chemins aménagés et les rendre glissants.
3 – L’ombre peut empêcher ou retarder le réchauffement du sol au printemps.
4 – Certaines espèces produisent de véritable désherbant naturel empêchant toute flore de prospérer à leur pied.
5 – La taille des grands sujets est onéreuse ou nécessite du matériel adapté.
Voici une liste non exhaustive d’arbres à ne jamais mettre à côté d’une maison :
- Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides) peut créer par ses racines qui se divisent une forêt en quelques années seulement.
- Le peuplier d’Italie (Populus nigra ‘Italica’) lui pousse à une vitesse folle : plus d’un mètre par an. C’est une véritable pompe à eau naturelle qui étend aussi son réseau racinaire rapidement.
- Le frêne (Fraxinus) lui aussi pousse très vite et de plus se ressème facilement.
- Le saule pleureur (Salix babylonica) est le spécialiste des canalisations bouchées. Idem pour son cousin le bouleau (Betula).
- Le cèdre (Cedrus) comme beaucoup de conifères est le roi des irritations ORL, le bouleau (Betula) lui aussi n’est pas en reste pour créer des allergies aux pollens.
- Les arbres à grosses feuilles sont un véritable cauchemar à ramasser. Le platane (Platanus) est un exemple. Le tulipier de virginie (Liriodendron tulipifera) est pas mal aussi dans son genre. Le catalpa (Catalpa bignonioides) idem.
Plantation
La meilleure saison pour la plantation des arbres est l’automne. Cette saison favorise l’enracinement en évitant le manque d’hydratation de l’arbre, ainsi que le dessèchement lié à la canicule. Le printemps est aussi une bonne période dès lors que l’on pratique une cuvette autour du sujet et que l’on arrose régulièrement durant tout l’été.
- Creuser un trou de 2,5 fois la taille de la motte ou du container
- Laisser le trou béant plusieurs jour de préférence afin d’assainir le sol.
- Noyer d’eau le trou de plantation.
- Veiller ensuite à placer le collet du sujet à la même hauteur que le niveau de sol.
- Reboucher avec un mélange de terre franche, de terreau horticole et de corne broyée.
- Tuteurer correctement l’arbre suivant son environnement et sa forme (simple pieu, ou montage à deux ou trois pieux, haubanage si nécessaire.)
- Créer un bourrelet de terre autour du trou de plantation afin de retenir l’eau des futurs arrosages.
- Arroser jusqu’au ressuyage (lorsqu’on voit apparaître de petite flaque d’eau en surface).
Taille légère ou taille de transparence
Si vous souhaitez tailler un grand arbre, l’idéal est la taille légère ou de transparence. Elle a certes un coût, mais contrairement aux
tailles pratiquées dans beaucoup de ville, elle a l’avantage de garder la forme naturelle du houppier. Elle ne va pas fatiguer le sujet inutilement. Vous avez sans doute vu ces alignements d’arbres taillés avec des têtes de chats au bout de chaque charpentière. Cette taille n’est pas la plus esthétique qui soit. De plus elle fatigue inutilement l’arbre qui en moins de deux ans devra refournir intégralement son houppier.
Alors pourquoi la taille de transparence n’est-elle pas pratiquer à plus grande échelle ?
Au-delà du coût, il y a le manque de main œuvre formée à ce type de taille assez technique. Cela est bien dommage car la pousse de nouvelle branche est ralentie dans ce cas. Donc le nombre d’intervention est moindre aussi. Une taille légère tous les cinq ans peut suffire.
Pour finir, nous dirons qu’un arbre qui a été taillé en transparence depuis toujours est en général d’une majesté incomparable quelque soit son essence.
Les branches raméales fragmentées (BRF)
Le gros avantage lors de la taille des grands arbres est l’obtention de BRF. Attention toutefois à ne pas le confondre avec le paillis de copeau de bois. En effet les bénéfices ne seront pas les mêmes pour ces deux cas.
Le BRF doit être obtenu à partir de branches de moins de 7 cm de diamètre. Ces branches doivent être fraiches, 3 jours maximum après leur taille. Elles sont ensuite passées au broyeur de végétaux. Le broyat obtenu doit être IMMEDIATEMENT mis en place, sur une épaisseur de minimum 5 cm. Si ces conditions ne sont pas respectées, la production de mycélium sera moindre voire nulle. Si la méthode est bien appliquée, le broyat sera rapidement colonisé dans les trois mois par les mycéliums qui le digéreront en superbe humus.
Dans le cas du copeau de bois, lui aussi finira pas être digéré par le sol. Cela prendra plus de temps, deux ans en général. Toutefois, la régénération du sol ne sera pas aussi efficace qu’avec le BRF.
Une surface de jardin = une taille d’arbre correspondante
Beaucoup de grands arbres finissent par recouvrir leurs congénères plus petits, quand l’espacement n’a pas été respecté. Toutefois certains petits arbres ou arbustes se plaisent sous les frondaisons de leurs ainés. Les rhododendrons et les cornouillers par exemple.
Alors quelle taille d’arbre pour quelle surface de jardin serait-il possible d’envisager ?
Pour calculer un rapport harmonieux de la hauteur de vos arbres avec la largeur de votre jardin, vous pouvez utiliser le nombre d’or : (Phi, φ = 1,618). Ce coefficient utilisé pour définir des proportions harmonieuses en géométrie a même été qualifié de « divine proportion », notamment pendant la Renaissance. Il symbolise la signature du créateur de notre univers. En effet, le nombre d’or se trouve dans toutes choses de notre univers de l’infiniment grand à l’infiniment petit : dans la nature, les proportions du corps humain…
Concrètement, pour un jardin de 10 mètres de largeur par exemple, la hauteur des arbres sera idéalement de 6 mètres environ.
Un autre paramètre à prendre en compte est l’inclinaison du soleil par rapport aux saisons.
Dans notre jardin exposé sud-ouest, un bosquet de conifères de 50 ans est positionné à l’Est. Ces arbres mesurent plus de 20 mètres de hauts. Le soleil est donc caché pendant six mois environ sur une zone moyenne de 15 mètres de larges. La période ombragée s’étend d’octobre au mois de mai. Bien sur l’avantage est que cette zone reste fraîche. Elle peut aussi ne pas dégeler l’hiver. Et l’inconvénient est que la végétation peine à se réveiller dans cette zone.
En conclusion
Quel que soit le bout par lequel nous prenons le sujet des grands arbres, nous voyons bien la nécessité d’une étude approfondie de tous les paramètres impliqués.
Nous rappelons aussi qu’une plante quelle qu’elle soit et mesurant plus de deux mètres ne peut être planté à moins de deux mètres des limites mitoyennes. En revanche un arbre planté il y a plus de trente ans ne nécessite qu’une coupe en limite de propriété.
En espérant avoir éclairé vos lanternes 😉
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[…] Il y a de cela plus de 20 ans maintenant, nous avions déjà mis en pratique cette idée. Nous avions acheté un sapin Nordmann en racine et en conteneur. Il avait passé toutes les fêtes avec nous dans le salon. Parce que nous l’avions suffisamment bien arrosé, il se portait à merveille lorsque nous l’avons replanté après l’hiver. Toutefois un Nordmann est un sapin qui monte à plus de 30 mètres. A moins d’avoir un parc ou un grand jardin, il n’est pas adapté au petit jardin de ville ou si vous ne souhaitez pas avoir un sujet de cette taille avec les conséquences que cela impliquent (voir notre article sur les grands arbres). […]
Superbe article bien utile. Beaucoup de gens plantent de grands arbres qui devront être sacrifiés par la suite.
Seul bémol, les époux Claude (ancien chercheur agronome de l’INRA) et Lydia Bourguignon préconisent de ne pas utiliser le BRF (bois raméal fragmenté, c’est-à-dire bois de l’année) sur plus de 4 cm, sauf si l’on veut désherber, mais ce serait dommage.
J’ai planté à l’automne un paulownia dans la pâture. Il ne mesure que 20 cm pour l’instant. Je lui ai réservé 10 de diamètre. J’espère qu’il va grandir comme je l’espère et faire de l’ombre grâce à ses grandes feuilles. Je pense faire, comme tu le préconises, du BRF et aussi donner à manger aux biquettes.
Encore merci pour cet article.
Merci Corinne pour ton commentaire.
Le BRF est très souvent confondu avec le copeau de bois. Le vrai BRF est du bois fragmenté de 3 jours maximum, donc encore vert et qui doit être mis en place immédiatement après broyage. Sa fonction est de régénérer le sol par la production de mycélium et pour que cela fonctionne, il faut plus de 4 cm d’épaisseur. Il y a très certainement confusion avec le copeau de bois (communément appelé BRF mais à tort) qui lui est du bois de l’année.
Le paulownia a une croissance très rapide. Ton objectif sera vite atteint 😉
Merci pour cet article plein de bons conseils !
Avec plaisir Laura
Wow, what an article…
Please folow this line , your futur Will be bright…
[…] croissance est lente, notamment les deux premières années. Cependant le Ginkgo est un arbre à grand développement. Sa taille peut atteindre 20 à 30 mètres en France, voir 40 mètres en Chine ou dans de bonnes […]