Connaissez-vous le Bambou sacré – Nandina domestica ? Les connaisseurs savent qu’il n’a de « bambou » que l’appellation. Pourtant à bien y regarder, il est vrai que l’on peut lui trouver des airs… mais la comparaison s’arrête là. Ce magnifique petit arbuste réserve bien des surprises et à de nombreux avantages à rendre votre jardin élégant et facile d’entretien.
La première fois que j’ai vu un Bambou sacré, c’était à Paris en plein hiver. D’ailleurs, je n’en ai pas vu qu’un seul mais deux, dans le même quartier et en l’espace de 2 jours. Le premier était planté en bac dans une cour intérieure, le second en pleine terre dans le petit patio à l’entrée de l’hôtel où je logeais. Leur feuillage persistant et leurs jolis fruits rouge mettaient de la gaieté et un peu de couleur dans la grisaille parisienne. Evidemment, j’ai pris quelques photos :
De retour à la maison, j’ai mené mon enquête. Merci Google Lens ! Puis j’ai cherché dans nos livres de référence. Comme j’ai pu le vérifier, le Bambou sacré est cultivé dans de nombreuses régions du monde pour son attrait esthétique et sa facilité d’entretien.
Le nom Bambou sacré peut porter à confusion, car il n’a absolument rien à voir avec les « vrais » bambous qui eux font partie de la famille des Poaceae (Poacées). C’est-à-dire des graminées. Le Bambou sacré appartient à la famille des Berberidaceae (Berbéridacées).
Si vous vous demandez encore pourquoi l’emploi des noms latins est si important, je vous invite à lire notre article sur : L’importance des noms latins dans le choix des plantes. Vous verrez c’est tout à fait passionnant. Ou pas…😊 En tout cas moi, connaître l’origine des choses, ça me passionne !
Origine et histoire
À propos d’origine, il est fréquemment mentionné que le Bambou sacré est originaire de Chine et du Japon. En réalité, il est originaire de Chine. Son aire de répartition naturelle se situe dans le bassin du fleuve Yangtze, notamment dans les provinces de Shaanxi, Henan, Sichuan…
Le Bambou sacré est mentionné pour la première fois à l’époque de la dynastie Song (960-1279) avec le surnom de « bougie de Nantian », puis pendant la dynastie Ming (1368-1644) avec le nom Nantianzhu [nán tiān zhú] 南天竹 (bambou du ciel du sud).
Il a ensuite été introduit au Japon, où sa culture s’est répandu pour ses qualités ornementales depuis la fin de l’ère Edo (1600-1868). Les Japonais l’appellent « nanten » 南天.
Le naturaliste suédois Carl Peter Thunberg — surnommé le « Linné japonais » en raison de ses contributions significatives à la botanique lors d’une expédition au Japon — a joué un rôle crucial dans la classification des espèces végétales. C’est lui qui a attribué le nom latin au Bambou sacré :
Nandina domestica Thunb.,1781
L’étymologie de Nandina est donc une altération des mots chinois et japonais : NANTIAN et NANTEN ; domestica (qui siginfie domestique) vient du latin DOMUS et désigne la maison, l’habitation, parce qu’il était cultivé aux abords des maisons et des temples.
L’abréviation Thunb. du nom de famille Thunberg, fait référence à la norme botanique internationale établissant un lien direct entre l’espèce et son découvreur. La date 1781 précise l’année de la découverte et de la nomination latine.
Carl Peter Thunberg a publié le résultat de ses recherches au Japon en 1784 sous le titre de Flora Japonica. Il a attribué l’épithète de ‘japonica’ à de nombreuses espèces nouvelles, bien que la plupart proviennent en réalité de Chine et aient été importées au Japon pour orner les jardins du pays.
L’origine du nom commun Bambou provient vraisemblablement de son apparence qui rappelle celle du bambou, en raison de ses tiges fines et de son feuillage délicat. Le qualificatif ‘sacré’, quant à lui, renvoie très certainement à sa forte présence dans les jardins des temples taoïstes, où il était cultivé pour ses nombreuses vertus médicinales et considéré comme symbole de purification.
Utilisations diverses
La médecine traditionnelle chinoise indique que « les racines et les feuilles du Bambou Sacré ont pour effet de renforcer les tendons et d’activer les collatérales, d’être anti-inflammatoires et détoxifiantes, et le fruit est un antitussif, mais il y a un risque d’empoisonnement en cas de surdosage ». Il est donc crucial de l’utiliser uniquement sous la supervision d’un professionnel.
Largement utilisé comme plante ornementale, notamment dans l’art floral de l’Ikebana au Japon, les branches du Bambou sacré portant les fleurs ou les baies peuvent être coupées et mises en vase. Elles offrent une durabilité remarquable.
Du fait de leur croissance lente et l’aspect âgé que peuvent prendre leur tronc, certaines variétés de Bambou sacré son bien adaptés à la culture en bonsaï.
Certains disent que le bois de son tronc était utilisé pour la fabrication de baguettes de table en Chine, mais il n’existe pas de documentation ou de preuves historiques qui attestent cette utilisation. J’ai eu beau chercher, je n’ai rien trouvé…
Le Bambou sacré est remarquable par les différentes tonalités flamboyantes que peut prendre son feuillage persistant. Certaines de ses feuilles peuvent passer du rosé au vert, en passant par le rouge-orange ou rouge-violacé en hiver. Il est donc extrêmement décoratif. C’est un choix judicieux pour les jardiniers cherchant à créer un jardin d’ornement attrayant tout au long de l’année.
Floraison et fruits
Outre son feuillage coloré, le Nandina domestica produit de belles petites fleurs blanches à l’aspect cireux en forme de panicules (grappes) au début de l’été jusqu’au mois d’août ; suivies de petites baies rouges vives et brillantes en automne et en hiver. Ces baies, tout en étant attrayantes, doivent être manipulées avec précaution car elles peuvent être toxiques si elles sont ingérées. À éviter donc si vous avez de jeunes enfants qui pourraient être tentés.
Facilité de culture et avantages
Le Bambou sacré est réputé pour sa robustesse, sa facilité de culture et sa polyvalence.
Bien qu’il préfère un sol frais et bien drainé, il s’adapte à tout type de sol. Il s’adapte aussi très bien à diverses conditions d’éclairage, plein soleil, mi-ombre ou ombre.
Privilégiez le printemps pour l’installer. Cela donnera à ses racines le temps de se développer avant l’hiver. Arrosez-le régulièrement, pendant les mois suivant sa plantation, notamment l’été. Installez un bon paillage à son pied afin de conserver la fraîcheur et l’humidité de la terre.
Par la suite, une fois bien installé, le Bambou sacré résiste très bien à la sécheresse estivale et à l’inverse il supporte des températures négatives jusqu’à -15°C et pouvant même aller jusqu’à -20°C à condition de la mettre à l’abri des vents froids.
Il est également très résistant à la pollution atmosphérique. Pas étonnant donc, qu’il soit fréquent de le trouver en pleine ville. Il est également résistante à la plupart des maladies et parasites.
Le dernier avantage en tant que plante persistante est son faible entretien. Le Bambou sacré – Nandina domestica ne déroge pas à la règle. Il ne nécessite pas de taille fréquente pour maintenir sa forme ou sa santé, ce qui en fait un choix idéal pour les jardiniers qui disposent de peu de temps ou préfèrent un jardin nécessitant peu d’entretien. Si un sujet âgé présente des tiges dénudées, il suffit de les rabattre au ras du sol, au printemps.
Usage paysager du Bambou sacré - Nandina domestica
L’esthétique graphique du Bambou sacré apporte de l’élégance et de l’originalité aux jardins. C’est un sujet idéal pour plusieurs sortes de configurations. En fonction de la taille de la variété, il pourra être placé en premier plan dans un massif ou plus en arrière. Vous pouvez l’intégrer dans une haie libre. Du fait de sa croissance lente, ne comptez pas sur lui pour vous cacher rapidement d’un vis-à-vis. Par contre, sa persistantce sera idéale pour créer en permanence une scène colorée et changeante.
De taille modeste : 60 cm pour les variétés naines, jusqu’à 2 m de haut pour la plus grande variété et sa croissance lente font du Nandina domestica un choix idéal pour les petits jardins ou comme plante de sous-bois dans les plus grands jardins.
Il est également populaire pour les plantations en pots ou en conteneurs, ce qui le rend adapté aux terrasses et balcons notamment en ville puisque la pollution ne lui fait pas peur.
Sa persistance joue un rôle clé en hiver dans la structure et l’équilibre du jardin. Il fourni un arrière-plan constant qui met en valeur les plantes à floraison saisonnière. En créant un contraste avec les plantes caduques et les fleurs éphémères, il apporte une profondeur et une continuité au paysage.
Différentes variétés de Bambou sacré - Nandina domestica
Il existe de nombreuses variétés de Bambou sacré, plus d’une soixantaine. Mais seules quelques-unes d’entre elles sont importées en Europe. Leurs tailles, leurs formes et leurs couleurs de feuillage peuvent être très différentes.
Voici par exemple 5 variétés que l’on trouve assez facilement :
- Le Nandina domestica ‘Fire power’ est une variété naine ne dépassant pas 60 cm à l’âge adulte, aux couleurs flamboyantes et changeantes. Les jeunes pousses du printemps peuvent être rouge cuivré voir bordeaux. Puis, elles deviennent vertes au milieu de l’été. Pour revirer au pourpre voir même au mauve avec le froid, de l’automne jusqu’à la fin de l’hiver. Le port de cet arbuste est globuleux, c’est-à-dire très compact et naturellement arrondi. Il se prête donc bien à une culture en pot, en bordures ou en premier plan de massif.
- Le Nandina domestica ‘Lemon lime’ est très reconnaissable car c’est le seul Bambou sacré vert. Il s’agit d’une variété récente qui propose un contraste agréable de vert tendre à intense. Ses jeunes pousses aux couleurs citron vert sont particulièrement lumineuse. Parfait pour éclairer les zones ombragées du jardin au printemps. Légèrement plus grand que la variété précédente, sa hauteur maximale est de 70 cm environ et il a lui aussi un port compact.
- Le Nandina domestica ‘Gulf stream’ est particulièrement apprécié pour ces teintes vert bronze en été, puis orange cuivré à l’automne. Il peut atteindre une hauteur de 1 mètre à maturité et à également un port compact, arrondi.
- Bambou sacré – Nandina domestica ‘Obsessed seika’ vous offrira un feuillage vert foncé magnifique toute l’année qui deviendra rouge puis pourpre en automne et hiver. Il formera un arbuste dense et compact qui atteindra 1 mètre de haut au maximum.
- Nandina domestica ‘Twilight’ possède est un feuillage différent des autres variétés. En effet, ses feuilles vertes sont tachetées de blanc et de rose et ses couleurs deviendront plus ou moins intense en fonction des saisons. En hiver, ses baies rouges écarlates se détacheront particulièrement bien et lui conféreront un charme encore plus important. Adulte, il mesure jusqu’à près de 1 m 20 de haut.
Conclusion
Le Bambou sacré – Nandina domestica gagne a être davantage connu et utilisé dans nos jardins. Il est l’un des rares arbustes à posséder un feuillage persistant, dont la couleur évolue au fil des saisons. Polyvalent et peu exigeant, c’est un choix idéal pour les jardiniers débutants.
Votre choix de la bonne variété dépend surtout de vos envies en termes de hauteur ou de coloris. L’emplacement auquel vous le destiné est également déterminant. Pensez aux associations de formes et de couleurs de feuillages pour construire vos massifs.
Au Jardin des Lanternes, nous avions déjà la variété naine ‘Fire Power’ avec ses couleurs incroyables. Nous avons également introduit en 2022 un Nandina domestica (classique). Nous l’avons planté contre une barrière en acacia à l’abri des vents.
FICHE BOTANIQUE
- Nom latin : Nandina domestica Thunb.,1781 plus souvent écrit Nandina domestica.
- Nom commun : Bambou sacré
- Autres appelations : Nandine domestique, Bambou céleste
- Famille : Berberidaceae (Berberidacées)
- Genre : Nandina*
- Espèce : Nandina domestica
- Origine : Chine
*Particularité : Le Nandina domestica est le seul représentant du genre Nandina. Habituellement un Genre comprend plusieurs espèces étroitement liées.
- Type : Arbrisseau (- de 4 m de haut), mais très largement appelé arbuste ou petit arbustre.
- Feuillage : persistant, couleurs variées (rouge, vert, pourpre, orangé, violacé…) au fil des saisons
- Fleurs : blanches en été
- Fruits : baies rouge en automne-hiver
- Rusticité : -15°C et jusqu’à -20°C si à l’abri des vents froids
- Exposition : ombre, mi-ombre de préférence mais supporte le soleil
- Sol : frais et bien drainé (préférences), mais s’adapte à tous type de sol
- Hauteur à maturité : de 60 cm à 2 m selon les variétés
- Largeur à maturité : de 60 cm à 1,20 m selon les variétés
- Croissance : assez lente
- Attraits : graphique, coloré et polyvalent
- Utilisations : pleine terre ou grande potée, massif de fleurs, haie libre ou composition zen
- Variétés à retenir :
Nandina domestica (le classique, facile à trouver et aussi le plus grand. Jusqu’à 2 m).
Nandina domestica ‘Fire power’ (mélange de vert, rouge et pourpre. 60 cm maxi).
Nandina domestica ‘Lemon lime’ (vert et citron vert. 70 cm maxi).
Nandina domestica ‘Gulf stream’ (bronze et cuivré. 1 m maxi).
Nandina domestica ‘Obsessed seika’, (vert foncé, rouge et pourpre. 1 m maxi).
Nandina domestica ‘Twilight’ (vert tacheté de blanc et de rose. 1,20 m maxi).
- Arrosage : pas trop strict sur les besoins en eau, tolérant à la fois à l’humidité et à la sécheresse. Toutefois, paillis au sol recommandé.
- Entretien : la taille est pas obligatoire mais peut aider à maintenir l’arbuste en forme.
- Inconvénient : ses baies rouges sont toxiques. Attention aux jeunes enfants !
En préparant cet article, je dois avouer que je me laisserai bien tenter par les variétés ‘Lemon lime’ et ‘Twilight’ pour le Jardin des Lanternes, tellement ces petits arbustes sont faciles à vivre.
Quasi zéro entretien
Et vous, quelles sont les variétés qui ont retenu votre attention ? Dites-le nous en commentaire ci-dessous, ça nous fera plaisir.
Céline